dimanche 28 novembre 2010

Higaonna Morio Senseï

Higaonna Morio Senseï, 10ème dan de karate Goju Ryu, dans une courte vidéo où on le voit effectuer avec un partenaire un entraînement à courte distance.

jeudi 11 novembre 2010

L'âme du Samouraï - Thomas Cleary

"Un moine interroge un ancien : "Qu'est-ce que la Voie?", lui demande-t-il. "La Voie est l'esprit normal" lui répond l'Ancien.
Le principe de cette histoire s'applique à tous les arts. Quand on lui demande ce qu'est la Voie, l'ancien répond que c'est l'esprit normal, autrement dit cet état suprême au sein duquel toute névrose s'est évanouie et l'esprit a recouvré sa normalité, libre de toute névrose, même au milieu des névroses.
En appliquant ce précepte au tir à l'arc, si vous pensez à votre tir au moment de viser, votre tir sera instable et votre flèche manquera la cible. Si vous êtes conscient que vous êtes en train de calligraphier pendant que vous calligraphiez, votre pinceau tremblera. Si vous êtes conscient de jouer de la harpe au moment de jouer, vous jouerez faux.
Si un archer oublie qu'il se prépare à tirer et conserve un état d'esprit normal, comme il ne fait rien de spécial, son arc restera stable. Que vous teniez un sabre ou montiez à cheval, c'est la même chose : ne "tenez pas le sabre", ne "montez pas à cheval", ne "calligraphiez pas" et ne "jouez pas de musique" non plus. Si vous faites ce que vous avez à faire avec un esprit normal, comme si vous ne faisiez rien, tout deviendra facile et harmonieux.
Quelle que soit l'activité que vous considérez comme étant votre voie, si vous en faites une obsession, elle cesse d'être une Voie. Si votre coeur est libre de tout attachement, alors, vous êtes sur la Voie. Quoi que vous fassiez, si vous le faites d'un coeur libre et léger, votre tâche en sera facilitée."


Extrait de l'ouvrage de Thomas Cleary L'âme du Samouraï, qui traduit et commente trois classiques japonais du Bushido et du Zen du 17ème siècle : Arts martiaux : le livre des traditions familiales de Yagyû Munenori, L'insondable subtilité de la sagesse immuable et Tai-A Ki ou Réflexions sur le sabre incomparable, de Takuan Sôhô.
Yagyû Munenori (1571 - 1646) était le maître d'armes et le chef de la police secrète du shôgun. Takuan Sôhô (1573 - 1645) était le maître zen de l'empereur.

lundi 8 novembre 2010

Aïkido - Christian Tissier

Maître Christian Tissier, 7ème dan Aïkikai, montre une technique de déplacement de base.
La sensation est celle d'une leçon particulière.
C'est passionnant. Le mouvement étudié, simple, est décliné en de multiples applications.
Les pratiquants de karate retrouveront des techniques présentes dans certains de leurs kata, mais avec la dynamique particulière de l'aïkido.

Le code de cette vidéo n'étant malheureusement pas disponible, il faut la visualiser sur YouTube à l'adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=5z6jg4NIBrM&feature=more_related

lundi 1 novembre 2010

Transmission - Histoire de sagesse transmise par Maître Henry Plée

L'article intitulé "Connaître, apprendre, transmettre selon les sagesses chinoises. Pour une lecture pédagogique de la spiritualité.", publié par Philippe Filliot sur le site Le Journal des Chercheurs (voir message précédent), souligne des éléments clés de la relation maître - élève - savoir dans la tradition chinoise - éléments que l'on peut retrouver dans certains dojo d'arts martiaux traditionnels. Il décrit les principales modalités d'enseignement du maître que sont le silence, l'allusion et l'absence, ainsi que le nécessaire engagement de l'élève, qui doit notamment veiller à être disponible et accepter la durée nécessaire de sa maturation.

Une histoire de sagesse, transmise par Maître Henry Plée dans l'une de ses chroniques, illustre certains de ces principes :

Un maître de sagesse très célèbre était de passage dans une petite ville. En apprenant cette nouvelle, le maire pensa que c’était une bonne occasion pour les habitants de la bourgade et demanda à ce maître de bien vouloir faire une conférence à ses administrés sur le sujet qui lui plaira. Des crieurs circulèrent dans la rue, annonçant à la population que la maître de sagesse allait faire une conférence, dimanche, dans la salle des fêtes. Ledit maître était très célèbre pour sa sagesse et pour son humour. A l’heure dite, la salle était pleine d’hommes, de femmes et d’enfants riant à l’avance des plaisanteries de sagesse desquelles le maître avait coutume d’émailler ses conférences.
Le maître de sagesse entra dans la salle des fêtes, salua l’assistance ravie, monta sur une chaire hâtivement construite et demanda : « savez-vous de quoi je vais parler ? »
- « Oui, Maître, nous le savons ! » répondit d’une seule voix l’assistance en riant.
Le maître eut un large sourire et dit : « si vous le savez, dans ce cas, il est inutile que je parle. »
Et il quitta la salle.
Après ce qui s’était passé, le maire rendit visite au maître de sagesse, lui présenta ses excuses pour la maladresse de ses administrés et le pria d’accepter de faire une autre conférence le dimanche suivant. A l’heure dite, le maître entra dans la salle des fêtes, monta sur la chaire et demanda : « est-ce que vous savez de quoi je vais parler ? »
- « Non, nous n’en avons aucune idée ! » répondirent les concitoyens échaudés le dimanche précédent.
- « Bien, si vous ne savez rien, il est inutile que je vous parle, puisque l’on ne peut discuter que de ce que l’on connaît déjà ».
Et le maître salua la salle et sortit.
Le maire vint voir à nouveau le maître de sagesse et le supplia de donner aux habitants une dernière chance le dimanche suivant. A l’heure dite, le maître entra dans la salle des fêtes et monta sur la chaire.
Personne ne riait plus. On entendait les mouches voler.
Le maître posa la même question : « savez-vous de quoi je vais parler ? »
Echaudée par son expérience des deux dimanches précédents, l’assemblée répondit prudemment d’une voix : « Hé bien, il y en a qui savent et il y en a qui ne savent pas… »
« Parfait », répondit le maître, « dans ce cas, que ceux qui savent expliquent à ceux qui ne savent pas ». Et il quitta la salle, puis quitta le village.

Transmission - La relation maître disciple selon Albert Camus

"C'est une chance en effet que de pouvoir, une fois au moins dans sa vie, connaître cette soumission enthousiaste. Parmi les demi-vérités dont s'enchante notre société intellectuelle figure celle-ci, excitante, que chaque conscience veut la mort de l'autre. Aussitôt nous voilà tous maîtres et esclaves, voués à nous entre-tuer. Mais le mot maître a un autre sens qui l'oppose seulement au disciple dans une relation de respect et de gratitude. Il ne s'agit plus alors d'une lutte des consciences, mais d'un dialogue, qui ne s'éteint plus dès qu'il est commencé, et qui comble certaines vies. Cette longue confrontation n'entraîne ni servitude ni obéissance, mais seulement l'imitation au sens spirituel du terme. A la fin, le maître se réjouit lorsque le disciple le quitte et accomplit sa différence, tandis que celui-ci gardera toujours la nostalgie de ce temps où il recevait tout, sachant qu'il ne pourrait rien rendre. L'esprit engendre l'esprit, à travers les générations, et l'histoire des hommes, heureusement, se bâtit sur l'admiration autant que sur la haine."
Albert Camus.

Ce texte est cité dans un article de Philippe Filliot, Docteur en Sciences de l'Education, "Connaître, apprendre, transmettre selon les sagesses chinoises. Pour une lecture pédagogique de la spiritualité." L'article est disponible sur le site Le Journal des Chercheurs.
http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=406

Photo : Albert Camus