Harry Cook, dans
La Grande Histoire du Karate Shotokan, décrit la période charnière au cours de laquelle, à Okinawa au début du 20ème siècle, l'enseignement du karate fut modifié en profondeur :
"Itosu Senseï commença la pratique du karate dès son plus jeune âge. Il était d'une puissance remarquable et était passé maître dans l'art des atemi (science des points vitaux), ce qui le rendait probablement capable d'éliminer un adversaire d'un seul coup fatal. (...) Secrètement, il enseignait, chez lui, à quelques six ou sept adeptes. (...)"
"Plus tard, aux alentours de 1906, Itosu commença à enseigner son art, qui avait été mis au programme du Premier Lycée d'Okinawa et de l'Ecole Normale d'Okinawa. Ainsi, nous lui sommes redevables du développement du karate au Japon, base de lancement pour l'expansion planétaire qui allait suivre. (...)"
"A Okinawa, les jeunes découvraient de nouveaux sports comme le base-ball, le tennis,... mais aussi les arts martiaux japonais, comme le judo et le kendo. De nouveaux principes, qui puisaient leur source dans ces arts et dans les sports de compétition, commencèrent à modifier le karate indigène. En effet, la plupart des techniques les plus destructrices furent mises au ban; on les modifia. D'autre part, on créa les cinq kata Pinan. Itosu se mit à enseigner un karate différent. (...)
"Itosu Senseï enseignait le karate "moderne" à un public de futurs maîtres à l'école de la préfecture d'Okinawa. Hormis quelques experts éclairés, la plupart de ses élèves étaient convaincus de pratiquer le karate traditionnel. Voici l'origine d'un quiproquo qui s'est perpétué et que l'on connaît encore de nos jours. (...)
"La conséquence directe de l'introduction de ce "néo karate" dans les écoles fut qu'officiellement deux styles cohabitaient : le karate traditionnel, qui revendiquait ses origines chinoises, et le karate scolaire (...)."
Pratiquez-vous un karate traditionnel ... ou un karate scolaire ?