dimanche 7 mars 2010

Senpai et kohai, un mode de transmission

La relation entre le senpai (élève avancé, ancien, senior) et le kohai (jeune élève, junior) est traditionnelle dans la culture japonaise. En revanche, en occident, elle peut être mal comprise ou déformée.
Il s'agit en effet d'une relation verticale, le dojo n'étant pas une démocratie, mais cette hiérarchie n'est pas fondée sur un rapport de force (comme dans un groupe de mamifères supérieurs) mais sur un mode de transmission du savoir.

Maître Henry Plée l'explique dans les Chroniques Martiales :
"Les dan sont des grades de perfectionnement, tandis que les kyu sont considérés comme des grades d'étude ou d'étudiant. Pour cette raison, au Japon, dans le système dan-kyu, les pratiquants se désignent souvent entre eux, lorsqu'ils veulent être courtois : "ko-hai" ("junior" pour les kyu) et "sen-pai" ("senior" pour les dan). Mais le système des kohai et senpai est plus complexe. Traditionnellement le kohai appellera toute sa vie "Senpai" le senior ayant commencé la pratique avant lui, même (et surtout) si le "junior" en question arrive à un haut dan, alors que le senior stagne à un dan inférieur. Par cette forme de courtoisie, très extrême-orientale et dans le cadre du respect (et du culte) des ancêtres, le junior remercie le senior de lui avoir permis de progresser en le précédant : "Sans les seniors du passé, mon art martial aurait disparu, sans mes partenaires seniors, je n'aurais pu arriver à mon dan, je leur dois respect et infinie reconnaissance"."

Le senpai est donc un passeur, un maillon dans la chaîne de transmission. Peu importe l'évolution de leurs niveaux respectifs, le senpai restera à jamais pour le kohai celui qui a contribué à son enseignement, même indirectement par sa seule implication dans la vie du dojo. Cela exclut tout comportement dicté par l'ego, de type dominant dominé, comme on peut en voir dans les groupes de mamifères,... et dans les dojos qui ont abandonné ces valeurs traditionnelles.

Maître Funakoshi Gishin, dans "Karate-do ma Voie, ma Vie", met en garde :
"Certains débutants deviendront de meilleurs karateka que leur professeur. Or j'entends les enseignants qualifier trop fréquemment les pratiquants de Oshiego, élève, de Montei, partisan, de Deshi, disciple, ou encore de Kohai, jeune. Je pense qu'il conviendrait d'éviter un tel vocabulaire qui sera désuet le jour où l'élève aura dépassé le maître. L'enseignant risque de tomber dans l'orgueil et d'oublier que le jeune homme auquel il s'adresse avec arrogance non seulement le rattrapera mais le dépassera dans l'art du karate ou dans d'autres domaines de l'existence".

3 commentaires:

  1. Très cher Senpaï, voilà une façon de considérer les choses que je partage à 100%. Toutes mes félicitations et encouragements pour la création et le développement de ton blog. Ton Kohaï, Jérôme Neu.

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  2. Une idée, pour résoudre le problème "Kohai devenu Sempai snobant le Sempai le plus ancien [qu'il a dépassé]...

    Qu'est-ce qu'un Sempai, pour un Kohai ?
    Celui qui lui permet "d'allumer le feu", qu'il ne "sait pas allumer tout seul" ?

    Entre "allumeurs de feu" des Kohai, peut-il y avoir rivalité ?
    Est-ce qu'une "allumette" peut être meilleure qu'une autre ?

    La question reste posée...

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  3. "Monsieur J.R." m'a dit :
    - Pourquoi as-tu traité les Sempai "d'allumette" ?

    C'est vrai, pourquoi ?

    Après un stage de "Tai-chi des pauvres", la réponse est venue, claire et limpide. Ce mot avait devancé mes pensées.
    Une "traduction" s'impose.

    Un des "feux" est le "Soleil".

    Vu du "Soleil", un être humain doit être vu "au microscope" comme une "allumette"...
    C'est sa forme...
    Le bâton est le corps, le bout est la tête...

    "Papa Soleil" s'amuse bien, cependant, avec nous...

    Il a fait des "allumettes qui s'allument" et des "allumettes qui ne s'allument pas".

    Les "allumettes qui s'allument" mesurent-elles la chance qu'elles ont ?

    Toute querelle entre elles "mériterait" une rétrogradation temporaire en "allumette qui ne s'allume pas"...
    Histoire de leur rappeler... que les querelles, c'est pour les "allumettes qui ne s'allument pas"...
    Elles cherchent à faire des étincelles...

    Tant qu'elles se battent, c'est que le "feu" ne prend pas.

    Le jour où elles ne se battent plus, c'est que le feu a pris...

    Et "Papa Soleil" est bien content quand "un de ses fils" est "sorti du jeu"...

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